Orée de la forêt (Nord)

Après avoir galopé pendant des heures et des heures sous la pluie, la fatigue commença à me gagner. Les os glacés par la pluie qui tombait à flot je descendis de mon cheval et resserai ma cape sur moi. La nuit était tombée depuis lontemps et je ne savais pas où j'étais. En approchant de la forêt je dénichai un groupe d'arbres assez épais pour s'y abriter. Exténuée je m'allongeai et m'endormis presque aussitôt.

Quelques heures plus tard je fus réveillée par une détonnation. J'ouvris les yeux et vis le ciel se déchirer d'un éclair. Mon cheval hénissa de terreur. J'approchai ma main de son encolure pour le rassurer mais il rua de terreur et partit en galopant. Je poussa un cri de rage qui se mêla à une nouvelle déflagration. Je retournai sur mon tapis de feuilles, désormais seule et frigorifiée. Sans savoir pourquoi je me me collai à un des arbres pour lutter contre le froid, curieusement une chaleur venant de l'arbre lui même se propagea dans mon corps. Peut être était-ce une illusion mais le coeur réchauffé je parvîns à retomber dans un sommeil réparateur.

***

Le lendemain un doux rayonnement vînt carresser ma peau, je m'eveillai et constatai que les nuages et la pluie avaient laissé place à un beau soleil rayonnant. Je m'étirai, toute courbaturée et allais près d'un ruisseau qui coulait entre les arbres pour me laver de mes larmes et de la pluie.

Ma robe et ma cape sèche, ma dague pendant à ma ceinture, je decidai de continuer mon chemin. Je pensais à ma mère: étant une elfe je pourrais rechercher son peuple, peut être m'accepteraient-ils la bas. Après tout j'ai une bonne partie de sang elfique, et puis le phénomène de l'arbre la veille n'est-elle pas une manifestation magique ? Je me promis d'explorer mes pouvoirs lorsque j'aurais retrouvé le village de ma mère.

Il y avait plus deux heures que je marchais, l'Orée de la forêt allait bientôt laisser place à une forêt plus dense. A cette heure encore matinale il y avait des bourrasques assez violentes. Aussi je releva mon capuchon sur ma tête pour que mes cheveux ne me fouettent pas le visage.
Soudain j'entendis un bruit, un craquement infime. Je m'arrêtai, alerte, mais ne vît rien. Puis j'entendis un glissement métallique d'une arme et une silhouette noire bondit sur moi.

Je me débattis férocement mais une main calleuse me tenait le poignet si fermement que je ne pouvais pas m'en dégager. Essayant me défaire de l'étreinte brutale qui m'immobilisait je réussis à dégainer ma dague. Mais lorsque j'essaya de m'en servir je sentis un tourbillon près de ma main et la dague disparut. L'homme me projetta violemment contre un arbre pour m'empêcher de bouger. Je me débattis encore, mais il me coinçais fermement et plaça sa dague sous ma gorge.

Cette fois ce fut des bruits de voix qui me réveillèrent. Mon corps était tout endolori. Je voulu ouvrir les yeux mais une terrible douleur me lança à l'arrière de la tête. Je gémis un peu de douleur et tentai de voir où j'étais. Le voile qui brouillait ma vision se dissipa peu à peu. J'étais sur un tapis de feuille, adossée à un arbre. La mémoire me revînt aussitôt: La fuite, l'attaque et le noir... D'après la bosse qui gonflait l'arrière de ma tête ma tentative de tromper mes deux assaillants avait échouée. Qu'importe, de toute façon je n'avais pas le choix...
je regardai d'où provenaient les voix. L'homme parlait à la petite créature qui l'accompagnait. Je pris le temps de les observer: l'homme avait des longs cheveux bruns attachés dans son dos. Plutôt grand il semblait être habitué à la vie de la forêt. Ses oreilles étaient pointues et des signes elfiques se dessinaient sur sa peau. La créature minuscule ressemblait à un lutin. Ses oreilles étaient étonnament longues et sa peau foncé étaient parcheminé par le temps.
Puis les deux voleurs se rendirent compte que j'étais éveillée.

-Vous avez faim? dit l'elfe.

-Quoi ? s'énerva le farfadet. Tu te prends pour un chevalier servant? Elle est censée être sous notre emprise et non le contraire!

-Tu la boucles si tu veux pas passer le reste du voyage dans ma poche. Alors? ajouta t-il en se tournant vers moi.

Je me rendis compte que j'étais affamée. J'acquiesça. L'elfe plongea la main dans un sac et me tendit du pain et quelques fruits. Puis il s'assis en face de moi pour manger sa pomme, escorté par le farfadet qui boudait de mécontentement. Je mordis allègrement dans un fruit étrange qui m'était inconnu et me délecta de sa fraîcheur.
Les deux compagnons ne m'impressionnaient pas.

-Qu'allez-vous faire désormais? Je suppose que l'on peut discuter sans violence...dis je en me massant l'arriere du crâne.

J'étais abasourdie, mon père ne m'avait jamais parlé de cet arbre.

-Je dois vous avouer qu'aujourd'hui la seule chose qui m'importe est de fuir mon futur mari. S'il me rattrape il me tuera probablement...Si cet arbre est aussi puissant que vous le dites il pourra surement me permettre de savoir d'où venait ma mère. De toutes les manières je n'ai plus rien à perdre désormais... Me permettez-vous de vous accompagner ?

-Il n'en ai pas...

-Ce sera pour nous un plaisir d'y aller en votre compagnie. Coupa l'elfe au farfadet.

Je lui souris et le farfadet me fusilla du regard. Je réalisais soudain que je ne conaissais pas leur noms.

-Comment vous appelez-vous ?

-Je suis Eärendil, et lui s'appelle guigui.

-Quel curieux nom! dis-je en pincant les lèvres pour ne pas éclater de rire. Ce qui eu pour effet de vexer la petite créature.

-Mademoiselle vous m'outragez. Pour vous ce sera Sire Guigui le farfadet.


Après nous être reposé nous nous mirent en marche. Il y avait à peu près 3 jours de marches pour arriver à l'arbre. L'air était chaud et agréable. Plus nous avancions dans la forêt plus je sentais son énergie vibrer en moi. Je pouvais ressentir l'esprit des arbres en les effleurant. En étendant mes sens plus loin je pouvais capter la présence des animaux qui fourmilliaient de toutes part . Eärendil m'expliquait comment capter l'énergie des êtres vivants autour de moi; en échange je lui enseignais ce que je savais sur les plantes et les fleurs, leur utilisation et leurs propriétés magiques.

-Quand nous aurons consulté l'arbre monde je pourrais vous apprendre le maniement des armes. Guigui a été un merveilleux maître.

-J'aimerais savoir tirer à l'arc et... Je m'interrompis quand je vis Eärendil stopper net et afficher une expression inquiète. Guiui qui était assis sur son épaule parut nerveux.

-Qu'y a t-il ? demandais-je alarmé.

-Etend tes sens et dis moi ce que tu ressens.

Je fermai les yeux et me concentrai. Le fourmillement de vie que je percevais habituellement était extrêmement faible. Je posais ma main sur un grans chêne à l'écorce épaisse. Mon coeur rata un battement. La parcelle de vie que j'aurais dû ressentir était presque éteinte.

-Cet arbre se meure. déclara Eärendil. ce n'est pas le seul aux alentours. J'ai un mauvais présentiment, nous ferions bien de nous dépècher d'arriver à destination.